Chroniques

Le Facteur

Au milieu du 20 -ème siècle, l’immeuble Colbert a abrité près de 2000 facteurs, qui ont contribué, sur leurs tournées, à développer le lien social, à tisser les fils de la toile économique de la ville, à faire grandir les échanges et les ambitions d’un port ouvert sur les continents africains. A l’heure du virtuel, de l’informatique, son rôle à partiellement changé. Mais une chose est sûre :  La facteur restera un des réseaux incontournables de la communication.

Le terme « facteur » tient son origine du latin « FACTUM » (celui qui fait). Il apparaît au milieu du 17 eme siècle, au moment où le bureau de Poste (appelé Grande Poste) naît à Paris en 1652. Renouard de Villager met en place une première tentative de « petite Poste », à savoir la collecte et la distribution de lettres dans Paris. Mais le système périclite au bout de trois ans. La deuxième tentative est la bonne en 1759 et amorce l’extension du métier de facteur .Plusieurs grandes villes ( Bordeaux, Nancy, Rouen, Lyon, Strasbourg, Lille et Marseille ) adopte le système. Avec l’unification de la grande et des petites Postes, le facteur est installé comme un personnage urbain familier . Mais la population rurale, qui représente les trois quarts du peuple Français, ne connaît pas ce personnage . La loi sur le service rural en juin 1829 instaure le facteur rural et sa tournée tous les deux jours, qui deviendra quotidienne en 1863. L’accroissement du travail du facteur est indissociable des progrès de l’alphabétisation et de la croissance économique . Les effectifs sont renforcés:

  • 5000 facteurs en 1830
  • 25000 facteurs en 1900
  • Entre 1950 et 1995 , il y avait près de 200 000 facteurs sur le territoire  Français (DOM / TOM inclus ) . Il en reste à peine 100 000 aujourd’hui.

     Le facteur est un des premiers symboles administratif et humain d’une notion forte promue par la république : L’UNITE DU TERRITOIRE et l’ égalité d’accès aux services de l’état . A pied, en vélo, sur des échasses ( fin 19eme) , à moto, en voiture (1952) , en Quad (2008) , il accède partout, quelque soit la topographie. C’est l’homme d’un service nouveau : Le service public, qui, pour l’heure, ne dit pas son nom. Jusqu’à la fin de la première guerre mondiale, le facteur parcourait environ 32 kilomètres chaque jour dans les campagnes, 7 jours sur 7. En 1919, l’apparition du repos dominical soulage un peu le premier serviteur de l’état. Oui, le facteur est un symbole, fortement ancré dans le quotidien et dans la culture populaire. C’est l’emblème d’une nouvelle société qui évolue sans cesse, se déploie, s’étoffe , tant sur le plan économique que culturel ( développement de l’alphabétisation ).

Il devient un personnage qui inspire :

  • En littérature   :   le crime au père Boniface  – Guy de Maupassant
  • Au cinéma      :    Jour de fête    ( 1947 – Jacques Tati )
  • Au music hall ;    Tiens voila le facteur  ( 1954 – Bourvil)

Aujourd’hui il fait de la publicité pour les vélos, les chaussures, les produits de beauté, l’alcool, le thé …..il a même des figurines à son effigie !

Charles Ribart