Henri EMIREN

credits photo AMVIC

C’est Alain Croce, qui nous a quittés le 19 mai 2018 et sur lequel nous reviendrons très largement, qui a rendu hommage à son ami Henri Emiren lors de son décès le 3 août 2013:

« Cette nouvelle en a affecté plus d’un. Henri, c’était un personnage de la Poste Colbert ou MARSEILLE R.P. Il formait un duo syndical CGT avec René COROMINES et rayonnait sur la distribution postale, parmi les facteurs de l’ensemble des arrondissements de Marseille qui étaient alors réunis dans le même immeuble rue Colbert ».

Henri était affectueusement surnommé Pépone, inutile le connaissant de dire pourquoi. Tout en lui rappelait le personnage, ses tirades légendaires, sa bonhommie, son engagement politique. Mais il était aussi appelé Riton, Ritou ou Riri par les uns et par les autres, ce qui démontre la sympathie qu’il inspirait

Henri a été le président du CSPTT MARSEILLE, club sportif des PTT créé dans les années d’après guerre, affilié à la FSGT. Avec Vincent MEMOLI, ils sont à l’origine de sa création. Si le club a aujourd’hui disparu, il a rayonné sur l’ensemble du département des Bouches-du-Rhône avec des centaines de licenciés au foot ball, puis dans d’autres disciplines, devenant omnisports, dans des sections créées dans les bureaux ou services, ce que n’a jamais pu faire l’ASPTT qui contrairement au CSPTT, était dirigée par des Directeurs, ce que ne voulaient pas les militants de la CGT à l’origine de sa création.

Ce club, avec ses camarades, il l’a imposé dans l’administration des PTT d’alors, conquérant de nouveaux droits pour le « Sport à l’entreprise » qu’il a aidé à développer avec la FSGT. C’était le sport pour tous et non pas réservé à une élite. Comme me le rappelait celui qui a été son capitaine fétiche de l’équipe fanion du CSPTT Colbert de Marseiller R.P, Roger Bamoudrou, Henri était aussi appelé « le grand coach » par ses joueurs. Il y avait dans ses rangs quelques joueurs de niveau professionnel, postiers comme les autres comme les Tigana, Olive, Parra ou Bamoudrou.  Je me souviens d’un Jeannot Tigana alors facteur piaffant d’impatience sur la touche implorant Ritou de le faire rentrer en jeu… On connait son parcours ensuite, ce qui faisait dire avec humour, que le CSPTT pouvait être un tremplin pour l’équipe de France. Il a mené son équipe à un haut niveau alors, avec de remarquables résultats y compris nationaux.

Henri a été également administrateur du restaurant administratif des PTT Marseille Colbert dés sa création.

La plaque est toujours apposée à l’entrée 6 rue JB Pétré (ndlr). Photo prise le 16 septembre 2021 (crédit photo amvic)

Henri était également militant actif du Parti Communiste Français dans le centre ville ou dans son ancien quartier de La Rose, à la Garde  à Marseille, dont il a partagé les combats.

Il a été avec son équipe de bénévoles du CSPTT dés sa création par Paul Ricard et Michel Montana, de ce qui était appelé alors, le MONDIAL RICARD LA MARSEILLAISE A PETANQUE, un évènement devenu planétaire aujourd’hui devenu le MONDIAL A PETANQUE. Comme le rappelait notre ami Pierre Andréis dans l’émouvant hommage qu’il lui a rendu dans La Marseillaise, à l’heure ou l’informatique n’existait pas, le tirage au sort du concours, les fiches d’inscription, le secrétariat du concours, c’était lui et son équipe du CSPTT.

Henri avec ses camarades, a organisé à Marseille après la guerre, une marche devenue célèbre, présente dans plusieurs villes de France dont Paris, la « MARCHE DES FACTEURS ». De nombreux participants venant de toute la région, des milliers de spectateurs sur le Vieux Port, le journal La Marseillaise comme soutien actif

Henri, c’était le « facteur du Panier » sur le 2 ème arrondissement de Marseille. Son fief, c’était la place de Lenche où les usagers savaient où rencontrer leur facteur quand il ne les avait pas trouvés à leur domicile pour leur remettre l’argent des mandats alors nombreux.

Charles Ribard, qui ne peut à regrets être présent aujourd’hui, m’a fait parvenir un message. Il évoque Henri et dit : « J’ai travaillé longtemps avec lui, sur le même quartier du Panier, lorsque j’ai remplacé Santini durant quelques années. Henri, Ange Matteï et Gilbert Jouve sont les trois personnes qui m’ont appris le métier, où, du moins, la façon de travailler à la « marseillaise ». Notamment les services que l’on rendait aux usagers, véritables images des missions de service public et des services de proximité. Ce « rôle social », devenu aujourd’hui une marchandise, était le fruit de la stabilité de l’emploi et de la qualité de vie au travail.« 

Et bien sur, j’ai le souvenir des repas chez « Charlot », dans un petit bar de la rue Fontaine des vents, qui n’existe plus depuis des années, mais qui était notre « quartier général ». On y préparait la reddition des comptes avant de rentrer au bureau.

Henri a beaucoup aidé les jeunes dans l’apprentissage du métier. On ne parlait pas de justice sociale à cette époque là, mais ses actions quotidiennes dans le travail en étaient la clé de voute …

Henri était un personnage atypique, à la personnalité bien trempé, droit dans ses bottes et sur ses pieds. Quand il avait quelque chose à dire, il le disait, sans broncher, quelque soit l’impact que cela pouvait avoir. Un peu le « César » Pagnolesque de la RP.

Voilà ce dont je me souviens d’Henri. »

C’est cette image telle que l’a décrite Charles que nous garderons de lui.

Henri EMIREN, c’était un personnage attachant, estimé de ses collègues de travail, connu dans le milieu syndical et politique des entreprises à son époque, militant interprofessionnel à l’UD CGT, militant de l’Union des syndicats CGT des PTT, puis membre de la commission exécutive du syndicat CGT de la Poste des Bouches-du-Rhône.

Henri a été de toutes les luttes, de toutes les batailles de la Recette Principale de Marseille, plus connue sur l’appellation de la Poste Colbert. Sa dernière bataille en tant qu’actif, il l’a mené peu avant sa retraite en 1991, contre l’éclatement des PTT du à la loi Quiles – Rocard.

Henri a été aussi de toutes les campagnes menées par le PCF dont il était adhérent jusqu’à ce que ses forces ne lui fassent défaut. Sa fin de vie ne fût pas facile. Toujours à ses côtés, son épouse Monique, lui a prodigué jusqu’au bout tous les soins possibles, entouré par sa famille.

Le syndicat CGT de la Poste, salue le militant syndical qu’il a été, actif et retraité.

Le Parti Communiste Français et sa section des Postiers communistes rendent hommage à l’homme engagé, au militant politique, syndical et sportif qui a fait honneur aux postiers, au service public, à Marseille et au département.

Monique, Régine, Bernard, à vous et à vos proches et enfants, nous vous disons notre affection, nous partageons votre peine, Henri restera présent et à jamais gravé dans nos mémoires.

Ne meurent que ceux que l’on oublie dit-on, soyez rassurés, Henri on ne l’oubliera jamais.



Une anecdote répercutée par Marc THARREAU qui donne  bien un des traits importants d’Henri Emiren:

« Un jour nous sommes reçus en audience par le directeur départemental des postes pour discuter des mauvaises conditions de travail et de la charge insupportable.

Au bout d’une heure on n’avait pas avancé d’un iota quand tout à coup le directeur se lève ouvre la fenêtre et nous montre une cinquantaine de facteurs qui participaient à un concours de boules. Il est 10 heures du matin et le directeur nous dit que nous sommes des rigolos et que ce que nous disions n’était pas vrai la preuve ils ont fini leurs tournées très tôt et qu’il fallait arrêter de lui faire perdre son temps. Et là on voit Henri EMIREN qui sort un papier de sa poche et qui dit au directeur « nous avions prévu votre réponse nous avons avec le personnel préparé un préavis de grève. Est-ce que je vous le remets ou est-ce que je le dépose au secrétariat ? » Pris de cour le directeur nous dit de nous rasseoir et qu’on va discuter et nous sommes arrivés à décrocher des emplois et à travailler autrement. »

  


Dans son intervention lors des 30ans du CSPTT (Sa fille Régine nous a communiqué cette intervention )

Henri Emiren  précise que le CSPTT est né de la volonté de certains travailleurs des PTT de créer un Club différent de ce qu’il existait à l’époque pour pouvoir pratiquer  le football le samedi. 

« Il y avait donc nécessité de créer un autre club, ce qui a donné naissance au CSPTT avec une équipe de foot à la Recette Principale . Dés le départ cette équipe a été aidée par la Mutuelle des Travailleurs.

Puis très rapidement de nombreuses équipes sous le sigle du CSPTT se forment dans les différents bureaux , notamment au centre de tri de Marseille Gare.

Et Henri précise «les postiers avaient besoin de pratique, mais fallait il qu’elle puisse se faire dans des conditions adaptées à leur travail et à leur disponibilité. C’est donc sur ces bases  que se développe le Club, non pas dans un esprit d’opposition ou d’antagonisme avec d’autres, mais pour essayer de répondre aux besoins sportifs de la grande masse des Postiers.

Le CSPTT reçoit immédiatement le soutient du Syndicat CGT et le Club se développe très rapidement. 

18 équipes participent au Championnat Départemental FSGT, maintes fois le Club joue un rôle important dans la Coupe de France.

Malgré ce le Club n’est toujours pas reconnu par l’Administration bien que  des membres de notre Club siègent dans les structures gestionnaires des  œuvres sociales.

Le Club est toute fois reconnu par la Municipalité, le Conseil Général, la Direction Départementale jeunesse et sport.

En 30 années d’existence le CSPTT a une seule fois été aidé par l’Administration avec uns subvention de 7000frs.

Si la base du Club était l’activité sportive, nous ne nous contentions pas uniquement de cela 

Durant  quatre années nous avons organisé un Arbre de Noël pour près de 800 enfants .

Et l’argent dans tout cela…c’était des tombolas, des nuités dansantes et la participation de nos adhérents. »

Puis Henri rappelle comment le Club a élargi ses compétences

« La vie de notre Club est aussi marquée par la lutte des travailleurs, par les profonds changements qui interviennent dans les bureaux de Poste. C’est donc une perpétuelle remise en cause de nos activités, car malgré les difficultés, les demandes sont de plus en plus nombreuses : le Volley ball se développe puis le tir à l’arc, le cyclisme le cyclo tourisme ,le Club organise des rallyes, des concours de boules

La pratique du football s’élargir et en même temps elle se diversifie.  Naissance avec le soutien de la commission des Jeunes du Syndicat CGT d’un tournoi de Sixte inter service réunissant 300 à 400 et même 500 postiers

Plus tard pour toujours mieux répondre aux besoins des postiers organisation d’un championnat en semaine.

Le phénomène CSPTT n’est pas un cas unique à Marseille, d’autres clubs dans d’autres villes , d’autres réions se constituent : 18 CSPTT à Paris, puis à Rennes, Nantes, Avignon, Limoges, Clermont, Versailles, Toulouse stc. ;

Dans notre département à Port de Bouc, Aubagne..

Cet historique rapidement fait  nous permet d’être fier de notre Association

30 ans d’activités su service des Postiers

                            30ans de lutte pour nous faire reconnaître

                                                    30 ans d’amitié, de joie , de camaraderie. »

Henri précise  que le CSPTT ne veut pas s’opposer à ce qu’il existe déjà.

« Son rôle c’est d’apporter un complément, de s’adresser à des centaines de Postiers qui souhaitent pratiquer dans des formes, à des niveaux différents de ce que l’on peut connaître ailleurs. »

Et il pointe les problèmes sur les conséquences de l’emprise de l’argent sur le sport

« D’autres questions nous préoccupent. La pratique sportive n’étant pas neutre, nous ne pouvons rester insensibles au manque de moyens qui se fait toujours ressentir dans les clubs…Nous ne pouvons rester sans réagir à l’emprise de plus en plus croissante de l’argent dans le domaine des ’activités physiques et sportives. Car il ne faut pas croire  que les gens, pour les sociétés qui investissent dans le domaine des activités physiques et sportives, le font pour promouvoir par la suite le sport de masse ; aujourd’hui on se sert de l’élite sportive pour rentabiliser, pour faire un produit financier.les activités physiques sont devenues des marchés  marché …de la forme physique..du tourisme…du spectacle sportif.. de la communication et de l’image..

Tout ceci a des conséquences profondes : l’emprise de l’argent porte atteinte au tissu social et culturel de la vie sportive ; l’emprise de l’argent fait du sportif de haut niveau un moyen de propagande, l’activité sportive est placée dans le statut de dépendance  par rapport aux intérêts financiers. l’emprise de l’argent va jusqu’à la modificationou la construction d’autres règles sportives ;

Nous n’avons pas la prétention à nous seuls d régler ces problèmes mais nos efforts pour développer une pratique sportive saine, populaire ne doivent pas se trouver anéantis parce que nous ne représentons pas un bon marché. »

Notre logique à nous et à la FSGT c’est les besoins des individus.

Il termine son intervention avec des remerciements pour ceux qui on apporté leur aide comme les adjoints à la Jeunesse , aux transports, à la formation professionnelle, au journal La Marseillaise, à la Société Ricard

Et il conclut 

« 30ans au service du sport c’est à la fois peu, mais cela commence à compter. On a pu l’entendre au travers de cette intervention dans la vie d’une Association .. Tous ceux qui sont prêts à nous aider seront les biens venus. D’ailleurs nous tenons à remercier certains amis qui ont aidé à cette tâche ; notamment certains chefs de bureau et de service qui ont permis la création du CSPTT, qui ont aidé financièrement au démarrage et à la vie de ces sections. Pour célébrer le 30eme anniversaire de notre Club, nous avons au point un programme de manifestations allant d’activités ouvertes à tous  populaires, à des manifestations ayant un caractère international ( tournoi de football). Ces manifestations ne peuvent se dérouler sans le soutien de tous, et nous tenons publiquement à remercier certaines personnalités ou sociétés qui ont déjà apporté leur soutien et leur aide Mme Discala Adjointe déléguée à la Jeunesse et aux sports; M. Isdria, Adjoint aux transports de la Ville de Marseille ;M. Bounelli responsable du centre de la formation professionnelle.. le journal La Marseillaise.. la Société Ricard.. les Champignonières de Barjols ; Pizzéria Vincent..30ans au service du sport c’est à la fois peu, mais cela commence à compter on a pu l’entendre au travers de cette intervention dans la vie d’une Association ..merci de votre participation dans la vie d’une Association »