
Martine Hervé (membre de l’AMVC) nous rapporte l’émotion du personnel et sa réaction du 27 septembre 1991.
L’extrême-droite à la manœuvre pour combattre la mémoire collective, pacifiste et ouvrière, la riposte de la CGT et des organisations progressistes, ma prise de parole suite à « l’outrage »
« Le 26 septembre, nous, les camarades de la CGT nous découvrons, atterrés, que la rue Henri Barbusse, située devant la Poste Colbert, a été débaptisée par les sbires de Bruno Megret, alors lieutenant de Le Pen père « .

Une nouvelle plaque a été apposée, celle de Charles Martel, qui aurait nous l’avons tous appris à l’école, « repoussé les arabes » à Poitiers. Le Front National croit à cette époque avoir le vent en poupe à Marseille et pouvoir tout se permettre.
C’est compter sans les sections syndicales CGT de l’immeuble Colbert, encore vaillantes et organisées, les grèves de 1992 et de 1995 suivront à La Poste, imposant des victoires importantes sur l’emploi, et surtout les 32h pour les facteurs à la distribution du courrier.
C’est compter sans la CGT et ses organisations, sa capacité à réagir vite et fort dans cette ville marquée par les luttes ouvrières.
C’est compter sans les organisations démocratiques marseillaises, attachées aux valeurs humaines de paix, de solidarité, de tolérance, d’égalité, d’antiracisme…
C’est compter sans Alain Croce, militant CGT et communiste de tous les combats, sachant communiquer sa combativité et son volontarisme, aujourd’hui disparu..

Ainsi dans la journée, le rassemblement du lendemain est organisé, à l’appel de la CGT PTT et de l’Union Départementale CGT des Bouches du Rhône. Alain me demande de prendre la parole lors de ce rassemblement, ce qui m’intimide fortement, je ne me sens pas capable d’écrire une intervention suffisamment pertinente et solennelle. Au final, j’accepte et nous travaillerons mon intervention tous les deux.

A noter que des prises de parole de la CGT ont lieu à la Poste Colbert et dans tous les établissements des PTT où la CGT est organisée, les personnels sont choqués.
Alors que la Poste Colbert a juste 100 ans, le rassemblement a lieu le 27 septembre, des centaines de personnes sont présentes, c’est très impressionnant. Les véhicules ne circulent plus rue Henri Barbusse, l’ARAC, fondée par Henri Barbusse et Vaillant-Couturier, est présente à l’appel de la CGT, de même que les anciens FFI du bataillon d’Eysses, le SNES, la FEN, le MRAP, le Mouvement de la paix, le PCF, la JC, les élus, les organisations CGT interprofessionnelles…..
Dans l’intervention que je prononce au nom de la CGT, je rends hommage à Henri Barbusse, écrivain pacifiste, auteur de l’ouvrage « Le feu », livre saisissant sur son expérience de la guerre, qui lui vaut le prix Goncourt. Henri Barbusse dénonce également « les malhonnêtes calculs commerciaux des nations pour prospérer en empêchant par la force et le brigandage l’expansion des voisins », il devient membre du Parti Communiste en 1923, est fondateur du mouvement Amsterdam-Pleyel avec Romain Rolland en 1932 contre la guerre et le fascisme.
Enfin, cette intervention se termine par ces mots : « Le personnel des PTT a payé un lourd tribut à l’histoire, les murs de la Poste Colbert, qui a aujourd’hui 100 ans, résonnent encore du bruit de ses combats contre le fascisme, pour la liberté et le progrès social. Le combat se poursuit ».
OUI, le combat se poursuit !