Le Grand Bar des PTT


Les jours heureux

par Edmond Aventiny (membre fondateur de l’AMVIC)

Gilbert

Derriere La poste Colbert, dans la rue Saint-Cannat existe un café, le grand bar des PTT. Odette et Gilbert en étaient les propriétaires. Nous prenions le café avec les équipes de nuit et les « télégraphes ». Notre club nommé CSPTT y avait son siège et les coupes gagnées avaient leur place. J’étais auxiliaire au début, je prenais mon repas à crédit et je n’étais pas le seul de mes camarades. Odette et Gilbert sont devenus des amis, mes amis très cher. Je suis ensuite parti à Paris, où je fut nommé à la gare puis à la recette principale.

Le café était une famille, dans ces murs, nous vivions des moments magnifiques de rire de joie, et hélas aussi de peine. Les années se suivirent et les Hommes et Femmes qui travaillaient aussi. Les lotos pour le Club, les belotes, le petit mousseux rouge (d’appellation inconnue) … ont fait ma jeunesse. Je me souviens que Guy Hermier, député à l’époque, ne pouvant entrer dans la Poste pris la parole débout sur une chaise dans le café.

Gilbert et Odette

Dans les moments de grande grève, le café est devenu notre repère et reste aujourd’hui aussi la mémoire vivante de l’immeuble Colbert. Repose en paix mon ami Gilbert.


Devant le Grand Bar des PTT vers 1947

Témoignage de Josette Coromines ( ancienne militante CGT aux Chèques Postaux de Marseille. Ce service se situait à Colbert, avant de rejoindre le 3e arrondissement dans un nouvel immeuble) :

Grève de 1947: « Avec les camarades du piquet de grève des chèques postaux dont je faisais partie , nous avions pris l’habitude pour nous réconforter physiquement et moralement de nous réunir vers les 09H au Grand Bar des PTT, rue St Cannat, situé derrière Marseille RP. Là, à notre grande satisfaction , nous retrouvions des camarades facteurs toujours optimistes et chaleureux , chargés de nous remonter le moral qui était plus ou moins en baisse suivant les défections des chèques .Et puis un matin , alors que nous étions en pleine discussion devant un « petit noir » survint un fourgon de police qui stoppa devant le bar. Rapidement , des agents en descendaient faisant un cordon devant l’entrée tandis que d’autres envahirent la salle en quelques secondes . But de l’opération : arrêter et emmener tous les grévistes destination la prison des Beaumettes via l’Evêché. Plus rapide que la Police , un jeune copain Télé , me tire avec une collègue vers le fond de la salle, nous pousse dans un réduit qui servait de placard à balais et nous y enferme. Figées au milieu des seaux et des pelles , nous avons retenu notre souffle tout en souriant , en pensant au bon tour que nous jouions « aux flics. Quand les portes du fourgon se sont refermées ,nous sommes sorties de notre cachette et la salle du bar nous a paru bien vide et bien calme . Une quinzaine de nos camarades venaient d’être emmenés à la prison des Beaumettes où ils devaient être détenus pendant quelques jours . » C’était une époque très difficile, les grèves étaient très dures et minoritaires dans les PTT.


Le Grand Bar des PTT est indissociable de l’Histoire Sociale de « Colbert »