L’AMVIC, notre Association a insisté et enfin obtenu que La Poste accepte de faire apposer des plaques commémoratives à l’entrée de l’Immeuble Colbert. Elles concernent ceux qui ont payé de leur vie pendant la résistance mais aussi pendant leur travail ; Nous en sommes satisfaits et fiers d’avoir ainsi inscrit le devoir de mémoire.
Parmi celles-ci, se trouve la plaque de Noël Guérini qui travaillait au Centre de Tri de Marseille Gare et qui a été victime de l’explosion d’un colis.
Patrick Marti, à l’époque Secrétaire de la Section syndicale CGT Nuit C du Centre de Tri de Marseille Gare , évoque ce triste souvenir qui a été douloureusement ressenti dans tout le service et bien au-delà.
Dans sa contribution nous relevons ces mots très forts qui transmettent la douleur ressentie :
« C’était au siècle dernier 27 juillet 1989 – 32 ans, Noël -Mémé- Guérini nous quittait !
Aujourd’hui encore, ces deux questions lancinantes pèsent sur ma mémoire : « Qui et pourquoi ? »
Et pourtant, IL nous l’avait promis, devant les milliers de postiers qui avaient envahis la cour du centre de tri en ce jour d’hommage national des postiers à un des leurs. « Nous nous engageons à donner aux Organisations syndicales les conclusions de l’enquête que nous avons ouverte à la suite de ce lâche attentat ! » (dixit le Ministre des PTT de l’époque un certain Paul Quillès je crois ! Et si les termes ne sont pas exacts, le sens en est conservé !)
Depuis, le temps a passé sur nos mémoires, mais d’aucun n’a oublié ce jour terrible de juillet89 J’avais quitté le Centre vers les 2h du matin, libéré que j’étais car il y avait eu une audience dans la journée (ces Nuiteux, toujours en bagarre !) .
Je me souviens de mon épouse me secouant vers les 8h et m’annonçant : « Il s’est rien passé de grave cette nuit dans ta brigade, ILS annoncent un mort et des blessés au Centre de Tri ? »
Je me souviens avoir pris le téléphone et composé le N° du local syndical et d’avoir eu la terrible confirmation suivi d’un : « Viens immédiatement, on te dira quels sont les copains qui ont été blessés! ». Un appel au secours et à la nécessaire solidarité, pensais-je !
Je me souviens que le temps était magnifique- un vrai soleil d’été dans un ciel bleu azur- mais que les quelques kilomètres de la maison au Centre me parurent longs. Et le climat que je découvris en arrivant au centre était des plus maussades.
Des dizaines et des dizaines de camarades, en pleurs ou prostrés, assis à même le sol dans la cour de Marseille Gare. Et de suite cette terrible nouvelle : « C’est Mémé Guérini (comme nous l’appelions familièrement) qui s’est fait décapité par un colis piégé ! Deux autres copains sont grièvement blessés, on les a amené à l’Hôpital. Et nous on est là, parce que les « chefs » voulaient que l’on reprenne immédiatement le travail. On ne peut pas. Qu’ils nous déclarent grévistes s’ils osent ! »
Et moi je regardais, et je tentais de consoler de rassurer, de calmer la détresse à l’état pur de tous ces gars, toutes des femmes qui ne pouvaient cacher leurs larmes mais aussi leurs cris de colère Et qui me posaient la question : « Qui et pourquoi? »
Et ces interrogations nous les avons réentendues, posées par tout un village alors que nous accompagnions le cercueil de notre ami auprès des siens à Calvi. Et nous, à notre tour, avons promis à sa famille et ses amis, que dès que nous saurions quelque chose sur la mort de Noël, ils seraient avertis. »
Cette promesse n’a jamais pu être tenue ; aucune indication n’a été donnée sur le résultat de l’enquête…