Vincent Mémoli

par Denis Estève (membre fondateur de l’AMVIC)

                 

A droite sur la photo, Vincent MEMOLI

En 1947 notre camarade Vincent Mémoli, jeune télégraphiste de 14 ans, s’engage dans l’action pour appeler à la grève en faisant le tour des bureaux. Il était alors stagiaire et fut mis dehors, les stagiaires n’ayant pas droit de grève. Il sera réintégré suite à l’intervention de la CGT. Lors de ce mouvement, des préposés grévistes de la Recette Principale de Marseille ont été emprisonnés pendant quelques jours (dont Solari le secrétaire de la section syndicale CGT). En 1948, développement des grèves. Il s’en suit une sévère répression sur ordre de Jules Moch, Ministre de l’Intérieur, entrainant plusieurs morts.

 

Vincent nous parle aussi de 1953, et de ces 25 jours de grève en plein mois d’Août: A nouveau, nous allons connaître de nombreuses attaques contre le droit de grève, des remises en cause de toutes sortes contre nos acquis, des atteintes à la dignité. Bien entendu, à chaque fois, nous nous sommes dressés en appelant à la réaction immédiate du personnel.

Année1968.. Vincent nous rapporte : suite aux mouvements des étudiants , des millions de salariés cessent le travail. A la RP, nous le décidons le 13 Mai avec occupation à compter du 15 mai. Ces grèves, ces importantes manifestations ont provoqué la paralysie du pays. Pour ce qui nous concerne et pour permettre à ceux qui n’habitaient pas Marseille de venir participer, il fallait trouver de l’essence ; nous l’avons fait en allant nous approvisionner à Fos où les grévistes du dépôt nous ont rempli les jerricans. Nous avons aussi récupéré auprès des autres entreprises en grève de l’alimentation comme du café, du sucre.

Au bureau, le Receveur nous proposait de nous remettre les clés ; nous avons réussi à percevoir une avance sur salaire de 500Frs pour tous les grévistes, excepté les quelques uns qui clamaient ne pas participer à la grève. C’est notre camarade, responsable du guichet 1 qui s’est chargé de cette opération. Cette décision a crée des remous dans l’environnement et a conduit un usager, un membre du RPR, à nous menacer avec une arme. La police, alertée est intervenue, mais après inspection sur l’individu a déclaré ne rien avoir vu de suspect. ?? 1968 a été la seule année où la grève avec occupation des locaux s’est réalisée à la RP. Nous avons eu d’autres tentatives pour cette forme d’action, sans pouvoir la réaliser car trop minoritaire. Vincent rappelle les retombées bénéfiques des accords de Grenelle: J’ai eu dit-il, 35% d’augmentation du salaire, nous avons obtenu les 40H, la reconnaissance de la section syndicale, l’indemnisation des jours de grève. J’ai eu mon quartier en 1959. Comme nous avions des responsables dans tous les arrondissements, nous représentions une force unie..ça faisait mal. !!

 

Année1970  des manifestations immenses dans toutes les grandes villes de France avec des milliers de participants et l’obtention de la retraite à 60 ans, la revalorisation des retraites de 2% sur 3 ans.

Année 1974 : à la RP, après le départ du 3eme, le 6eme s’est installé à Lacédémone, le 4eme partait à Honnorat, le transfert s’est effectué avec notre section syndicale constituée ayant comme secrétaire Alain Job. Sur un effectif d 200, nous comptabilisions 125 syndiqués, le mouvement de grève a été suivi à 100%. 

Vincent  nous a quittés le 24 août 2017

Son fils Christian garde d’excellents souvenirs de son père, en voici quelques uns:

congrès FSGT Alfortville 1967

Il nous rappelle que l’attachement de Vincent à la devise de la FSGT « : pour l’enfant vers l’homme » le représente tout à fait. Il a toujours œuvrer dit-il pour améliorer le sort de tous  dans le milieu sportif ou du travail.

Pour la relation entre Henri Emiren et mon père au sein du CSPTT, elle a connu un creux au moment de la séparation des arrondissements de Colbert. En 1976 à la création de Marseille 06 Lacédémone, mon père s’oriente vers plus de responsabilité au niveau départemental et national à la FSGT, Henri  se consacre entièrement au CSPTT.

V.Brutus – M.De Phipps – V.Mémoli – H.Emiren

Puis Christian évoque le plaisir dans la joie et l’amitié pris par tous ceux qui participaient au concours « Ricard La Marseillaise ». Il évoque aussi la populaire « marche des facteurs » dans  les années 60.

Vincent Mémoli

Puis l’amitié avec Laurent Savelli (face à lui) qui travaillait avec lui sur le même quartier en 1959. Cette amitié les a conduits à partir le même jour à la retraite.

 

Rappelons aussi la conscience professionnelle de Vincent : détaché au centre des loisirs, mais ses compétences professionnelles ressenties par le Receveur lui ont fait demander sa réintégration dans le bureau avec pour  objectif : remettre au pair un quartier qualifié de très difficile. Rapidement, Vincent s’est attaché à le remettre sur roulettes.

Enfin Christian indique que son père, malgré sa passion pour le football tenait à donner les meilleures chances à tous par la création des écoles multisports afin que chacun puisse s’épanouir dans le sport qui lui convienne et lui plait le plus.  Nous pouvons constater que Vincent a connu une vie active très riche tant sur le plan professionnel, syndical que dans le domaine du sport. Je peux témoigner des préoccupations de Vincent pour aller toujours sur des réflexions très approfondies. En plusieurs occasions il me faisait part de son souhait de voir créer des commissions pour débattre des problèmes par exemple lors de nos congrés.


Vincent un caractère très droit, volontaire et chaleureux que l’on ne pouvait qu’estimer.

Denis Estève